Le « délit de sale gueule »
On peut lire et relire notre Code pénal, ce que les policiers eux-mêmes appellent « le délit de sale gueule » n’est passible d’aucune sanction selon nos textes. C’est, évidemment, très dommage.
Heureusement, les électeurs sont là pour pallier à cette lacune de notre droit. Cela fait des années qu’en France tous les scrutins se jouent « à la gueule du client » et ceux qui se sont rendus par trop longtemps coupables d’un tel délit sont, généralement, châtiés sans pitié.
Aujourd’hui, on nous dit que Nicolas Sarkozy n’a plus aucune chance d’être réélu en 2012 et que tous ses ministres sont totalement déconsidérés. Il y a, sans aucun doute, mille bonnes raisons à ce rejet généralisé, mais on peut aussi se demander si « la gueule » n’y fait pas quelque chose.
Après Eric Woerth, Eric Besson, Rachida Dati, Brice Hortefeux, Christian Blanc, Christian Estrosi, Fadela Amara, et quelques autres, c’est au tour de Michèle Alliot-Marie d’être si ce n’est sur la sellette du moins attachée au poteau de lynchage, voire d’exécution.
Elle ne l’a évidemment pas volé. On lui reproche d’avoir utilisé le jet privé d’un copain de Ben Ali pour se balader en famille à travers la Tunisie. On pourrait aussi lui reprocher d’avoir choisi, fin décembre, la Tunisie pour aller réveillonner alors que l’insurrection avait déjà commencé (ce qui prouve que, totalement inconsciente, elle n’était au courant de rien). Et on pourrait surtout lui reprocher d’avoir proposé à Ben Ali, le copain de son copain, « le savoir-faire » de la police française pour réprimer les insurrections (ce qui démontrait officiellement une totale complicité de la France sarkozienne avec les dictatures).
Mais en la regardant tenter de se défendre, on s’aperçoit qu’on lui reproche, en fait, d’avoir… « une sale gueule ». Il fallait la voir, ce matin, déclarer à Munich à des journalistes : « Je ne recommencerai pas puisque çà choque ». En clair, elle s’engageait (sur l’honneur ?) à ne plus prendre de vacances, elle et son compagnon, aux frais de milliardaires corrompus dans des régimes dictatoriaux. Voilà qui va limiter sérieusement ses destinations pour Pâques prochain.
Minable, pitoyable et, en plus, idiote, la morveuse prise les doigts dans le pot de confiture ! Ca ne choque pas, Madame le Ministre, çà scandalise !
Avec sa fausse assurance, sa morgue méprisante, son petit coté pincé, elle était souverainement antipathique et on comprenait soudain, grâce à elle, l’une des failles du régime. Nos dirigeants actuels ne sont pas souriants, pas chaleureux, ils n’ont rien d’« humain » et tous, en effet, plutôt « une sale gueule ».
On ne s’en était pas aperçu pour Alliot-Marie qu’on ne regardait pas, il faut bien le dire. Depuis des années, de gouvernement en gouvernement, elle servait de « pot de fleur », à la Défense, à l’Intérieur, à la Justice, aux Affaires étrangères. Et nous haussions les épaules quand les « experts » osaient nous affirmer qu’elle était « la caution gaulliste » de service. Pourquoi pas la réincarnation du Général ?
Il a fallu cette histoire de jet privé pour qu’on la regarde d’un peu plus près et qu’on réalise qu’elle avait la même « sale gueule » que la plupart de ses collègues du gouvernement.
C’est quoi avoir « une sale gueule » ? C’est afficher, ostensiblement, jusque dans ses moindres rictus, la certitude qu’on est au pouvoir parce qu’on est le meilleur et donc qu’on a droit à ce pouvoir et c’est afficher, en même temps, le mépris total qu’on éprouve pour les autres, tous les autres, à commencer par « la populace », les journalistes, l’opposition, les élites, les moralistes qui se permettent des commentaires désobligeants.
Sarkozy qui est cassant, hautain, méprisant, sûr de lui jusqu’au ridicule, paie sans doute cette attitude dans les sondages au moins autant que ses innombrables erreurs et tous ses échecs. Il a d’ailleurs réussi à faire regretter par tous les Français Chirac qui, lui au moins, était « sympa ».
Mais le chef de l’Etat a imposé cette attitude à la plupart de ses ministres. Les Français contestent la politique menée depuis 2007 mais, pire encore, ils ont « pris en grippe » cette équipe. Voilà qui pourrait, peut-être, avoir des conséquences en 2012…
Mots-clefs : 2012, Alliot-Marie, Sarkozy
06 Fév 2011 23:02 1. Vivelnord
Notre président de la République n’avait-il pas essayé de nous faire croire, au début de son quinquennat, qu’il noterait ses ministres tous les 6 mois et « réorganiserait » son gouvernement en fonction des résultats de chacune et chacun ?
Une baliverne de plus …
Aujourd’hui MAM récolterait quelques zéros pointés (les notes négatives n’existant pas).
Et le mercredi matin il ne resterait plus grand monde autour de la table du Conseil !!!
07 Fév 2011 7:23 2. Houzi
Bravo pour ce portrait sans retouche d’une bécassine antipathique. Elle ne l’a pas volé !
07 Fév 2011 10:29 3. drazig
Je voudrais dire que Saint-Jean-de-Luz dont elle est maire est une ville charmante. Mais pseutt!, il s’agit de la France.
07 Fév 2011 11:18 4. Vivelnord
@ drazig
Cela va peut-être vous surprendre mais je suis d’accord avec vous.
Enfin, n’exagérons rien ; je suis d’accord avec le caractère charmant de la ville de Saint-Jean-de-Luz.
On ne peut pas utiliser le même qualificatif à propos de son actuelle première magistrate.
Elle a dit que SI CELA CONTINUAIT (on ne sait pas ce qui se cache sous ce CELA) elle irait passer ses prochaines vacances en Dordogne ; doit-on comprendre que SI CELA NE CONTINUAIT PAS elle retournerait en Tunisie ou dans d’autres endroits dont il faudrait se tenir éloigné par simple décence ???
Quelle image déplorable donne-t-elle de notre pays !!!
Mais pseutt!, il s’agit de la France.
07 Fév 2011 12:24 5. Alain Nicolaïdis
C’est effectivement remarquable que « Sarkozy ait réussi à faire regretter aux Français Chirac », sumpathique peut-être ( les escrocs aussi sont toujours sympas) mais surtout le grand prêtre de la corruption généralisée et organisée qui baigne la France.
07 Fév 2011 18:31 6. Houzi
En fin de journée, pour me détendre, je relis votre billet. Je rigole et ça, ça fait du bien.
J’espère vos billets, comme j’attends le Canard Enchaîné chaque mercredi que le Bon Dieu fait !
Merci Monsieur DESJARDINS.
Je regrette que lors du jeu de chaises musicales qui vient d’animer le paysage médiatique, il n’y ait pas eu un fauteuil de rédacteur en chef qui se fût par un heureux hasard libéré pour votre auguste fessier.
Si je peux me permettre !
07 Fév 2011 22:07 7. dugas
Vous trouvez pas Mr Desjardins que la France ressemble pas mal à ces républiques arabes, dont on nous dévoile que les peuples ont marre de leurs dirigeants, et que ces derniers sont des milliardaires plus riches encore que Bill Gates ? !
Je verrai bien tout ce fatras français se terminer comme en Tunisie ou en Egypte : par une révolution !
07 Fév 2011 22:31 8. Vivelnord
Alors là TROP C’EST TROP !
Ce lundi, en visite en Pologne, Nicolas Sarkozy a refusé de s’exprimer sur l’affaire Alliot-Marie.
«Vous comprendrez qu’à Varsovie, comme d’ailleurs dans les autres capitales, je ne dise pas un mot sur les questions de politique intérieure, sur lesquelles j’aurai l’occasion de m’exprimer cette semaine» a-t-il répondu aux journalistes français qui l’interrogeaient sur MAM.
Excusez-moi mais là vraiment il nous prend tous pour des CONS !
En d’autres temps j’aurais apprécié cette réponse qui, même si rien dans notre Constitution ne précise l’attitude à adopter en la matière, devrait être la norme.
En effet, l’expression de propos relevant de problèmes de politique intérieure à l’étranger risque de mettre en porte-à-faux les autorités du pays hôte.
C’est d’abord une question de bon sens.
C’est aussi une question de diplomatie mais on sait qu’en ce moment la France est championne du monde en ce domaine …
Oui j’aurais apprécié mais, venant de LUI, j’ai envie de vomir !
Depuis qu’il est, malheureusement, notre Président, il ne s’est jamais gêné pour contrevenir à cette règle en usage avant lui.
Cette attitude a d’ailleurs été très peu relevée par les journalistes.
Exemple à propos de l’affaire Clearstream : «Au bout de deux ans d’enquête, deux juges indépendants ont estimé que les coupables devaient être traduits devant un tribunal correctionnel», a-t-il lâché le 23 septembre 2009 depuis New York.
Ah oui, c’est DE MA FAUTE : New York n’est pas une capitale …
Il aurait donc dû se rendre à Cra
07 Fév 2011 22:44 9. Vivelnord
Alors là TROP C’EST TROP !
Ce lundi, en visite en Pologne, Nicolas Sarkozy a refusé de s’exprimer sur l’affaire Alliot-Marie.
«Vous comprendrez qu’à Varsovie, comme d’ailleurs dans les autres capitales, je ne dise pas un mot sur les questions de politique intérieure, sur lesquelles j’aurai l’occasion de m’exprimer cette semaine» a-t-il répondu aux journalistes français qui l’interrogeaient sur MAM.
Excusez-moi mais là vraiment il nous prend tous pour des CONS !
En d’autres temps j’aurais apprécié cette réponse qui, même si rien dans notre Constitution ne précise l’attitude à adopter en la matière, devrait être la norme.
En effet, l’expression de propos relevant de problèmes de politique intérieure à l’étranger risque de mettre en porte-à-faux les autorités du pays hôte.
C’est d’abord une question de bon sens.
C’est aussi une question de diplomatie mais on sait qu’en ce moment la France est championne du monde en ce domaine …
Oui j’aurais apprécié mais, venant de LUI, j’ai envie de vomir !
Depuis qu’il est, malheureusement, notre Président, il ne s’est jamais gêné pour contrevenir à de nombreuses reprises à cette règle en usage avant lui.
Cette attitude a d’ailleurs été très peu relevée par les journalistes.
Exemple à propos de l’affaire Clearstream : «Au bout de deux ans d’enquête, deux juges indépendants ont estimé que les coupables [au passage on appréciera à sa juste valeur le terme de « coupables » utilisé par un avocat (note de Vivelnord)] devaient être traduits devant un tribunal correctionnel», a-t-il lâché le 23 septembre 2009 depuis New York.
Ah oui, c’est DE MA FAUTE : New York n’est pas une capitale …
Aujourd’hui il aurait donc dû se rendre à Cracovie pour pouvoir s’exprimer sur MAM.
Non mais vraiment !
Plus sérieusement, si NS ne s’exprime pas sur le sujet, c’est que personne dans sa Cour n’a pu trouver, à l’heure actuelle, de bons arguments pour défendre l’indéfendable.
D’ici jeudi, il va falloir bosser les gars !!!
Avant que votre patron, le Président de tous les Français, ne se rende sur une chaîne privée, chez son copain Bouygues, pour nous narrer quelques sornettes de son cru …
Mais qu’il dégage donc tout de suite, en même temps que MAM !!!
16 Fév 2011 7:14 10. Houzi
Le Canard du 16 février 2011 en remet une couche sur la sale gueule… En SARKOZYE, les ministres présentent la particularité remarquable de bénéficier d’une immunité politique ou plutôt d’une irresponsabilité politique consternante.
S’accrocher à son maroquin comme l’a fait WOERTH hier et comme le fait MAM aujourdd’hui, c’est d’un minable. Surtout pour se faire débarquer quelques semaines plus tard, sous prétexte d’un ajustement ministériel « technique ».
Il n’y en a pas un qui a le panache, de se retirer après avoir été pris le doigt dans le pot de confiture.
On pourra ensuite se lamenter sur notre jeunesse. Mais quels exemples lui donnons-nous en votant pour ces affairistes ?