Faites ce que je dis, pas…
On savait que Nicolas Sarkozy avait un culot fou. Mais, dans ce registre, il nous surprendra toujours.
Ce matin, lors du Conseil des ministres, il a voulu mettre un terme à la polémique qui agite depuis quelques jours le pays et plus encore la classe politique. Il a eu raison.
L’affaire du voyage en Egypte de François Fillon et de son épouse, aux frais de Moubarak, et celle du voyage du couple Alliot-Marie-Ollier en Tunisie, aux frais d’un ami de Ben Ali, ont choqué, voire scandalisé bien des Français. Les régimes tunisien et égyptien étaient en pleine tourmente, accusés d’être des dictatures corrompues. Ce n’était donc vraiment pas le moment d’aller y réveillonner, alors qu’en plus les Français, eux, connaissent toutes les rigueurs de l’austérité.
Le président de la République a donc eu tout à fait raison quand il a déclaré solennellement à ses ministres : « Nous devons impérativement favoriser la diffusion d’une véritable culture de la déontologie dans la vie publique française. Ce n’est qu’en étant irréprochables que les personnes qui exercent de hautes responsabilités renforceront la confiance des citoyens dans les institutions de l’Etat. Pour les vacances, désormais, les membres du gouvernement devront privilégier la France. Les invitations à l’étranger seront autorisées par le premier ministre en accord avec la cellule diplomatique de la présidence pour examiner leur compatibilité avec la politique étrangère de la France ».
Tout cela était parfait et on ne peut qu’être soulagé d’apprendre que Nicolas Sarkozy utilise les mots « déontologie », « irréprochables », « confiance des citoyens ».
On imagine qu’autour de la table, Fillon, Alliot-Marie et Patrick Ollier se sont sentis un peu penauds et que d’autres ont, peut-être, décidé en catastrophe d’annuler des petits week-ends ensoleillés qu’ils s’étaient programmés.
Ce qui est fabuleux c’est qu’alors que le Premier ministre et sa femme étaient les invités de Moubarak, que le ministre des Affaires Etrangères et celui des Relations avec le Parlement étaient ceux d’un copain de Ben Ali, le président de la République et son épouse étaient, eux, les invités de Sa Majesté le roi du Maroc Mohammed VI dans son palais royal de Marrakech.
La cellule diplomatique de l’Elysée avait-elle donné son feu vert ? Sarkozy ne ferait-il pas partie des « personnes qui exercent de hautes responsabilités » ? La « déontologie » serait-elle à géométrie variable ?
Il aurait été judicieux que le président de la République annonce incidemment qu’il prendrait ses prochaines vacances au Fort de Brégançon ou chez sa belle-famille au Cap Nègre.
Faites ce que je dis, pas ce que je fais. Ce type a vraiment tous les culots.
Mots-clefs : déontologie, Sarkozy
09 Fév 2011 15:31 1. Vivelnord
« Faites ce que je dis, pas ce que je fais. » attribuez-vous comme ligne de conduite à notre président.
Pour son épouse, je parle de l’actuelle (la numéro 3, pour l’instant), c’est plutôt « Pas vu, pas pris ».
Dans la famille Sarkozy la déontologie est de rigueur !!!
09 Fév 2011 15:45 2. Patrick-Louis Vincent
C’est vrai qu’il ne manque pas de toupet. Mais, vous savez, ce comportement est malheureusement général. Dans les entreprises, le patron a la même attitude envers ses cadres et les cadres ont la même attitude envers leurs subordonnés. Combien de fois ai-je pu le constater. C’est un signe des temps ; M. Sarkozy est à l’image des Français, c’est pourquoi ils l’ont élu.
09 Fév 2011 16:13 3. Vivelnord
@ Patrick-Louis Vincent
Si j’ai bien saisi vos propos 53 % des électeurs au 2ème tour des présidentielles de 2007 seraient à l’image de M. Sarkozy.
Dites-moi vite que je n’ai rien compris car si autant de nos concitoyens sont atteints par ce « signe des temps » c’est juste invivable !
09 Fév 2011 16:33 4. Patrick-Louis Vincent
@Vivelnord
Mais oui, c’est invivable ! Nous vivons en pleine déliquescence morale ; c’est pourquoi la société n’est pas réformable par les voies démocratiques.
Non, tous ceux qui ont voté pour M. Sarkozy ne sont pas comme lui. Des électeurs, de bonne foi, ont réellement pensé qu’il pouvait faire bouger les lignes. Je fus de ceux-là. Je le confesse. L’on ne m’y reprendra plus. Il faudrait réécouter tous ces discours de campagne. J’en ai entendu quelques uns. Tous étaient centrés sur un retour à la morale. Il nous a bien eu. Jamais un président n’a eu un comportement autant en décalage avec ses discours. C’est d’ailleurs sa plus grande faute et c’est ce que les Français ne lui pardonneront pas. Le problème est que je ne vois aucun homme politique (homme ou femme), dans les partis présents au Parlement, qui ait cette force morale que nous appelons de nos voeux. Je crois que les Français, aussi, n’en voient aucun. C’est ça qui est dangereux !
09 Fév 2011 17:05 5. Houzi
Ce matin sur LCI, le bulldog Xavier Bertrand face à Christophe BARBIER… il était franchement mauvais sur ce sujet. Il a cru bon de se féliciter goulûment de la transparence dont aurait fait preuve FILLON. BARBIER lui a rétorqué que c’était une transparence à retardement et sous la pression des révélations annoncées du CANARD ENCHAINE à paraître.
Xavier BERTRAND s’est alors embrouillé dans des justifications foireuses tenant à des prétendus impératifs de sécurité. En deux mots, il fallait que pour sa protection FILLON fût entouré des gardes de MOUBARAK. FILLON ne pouvait pas se risquer à voyager avec le vulgum pecus sauf à se mettre en danger.
BERTRAND, le butor, fait injure à notre intelligence. Quelques flics égyptiens auraient suffi à sa sécurité. On ne voit pas en quoi se faire payer ses vacances privées par MOUBARAK, aurait accru sa sécurité.
FILLON, le premier ministre de la République irréprochable que son maître nous promettait le 6 mai 2007 !
C’est une bande de demi-sels qui nous gouverne.
09 Fév 2011 20:16 6. Vivelnord
@ Patrick-Louis Vincent
Sur la déliquescence morale je suis d’accord avec vous.
Sur votre logique j’ai du mal à vous suivre.
Dans un premier commentaire vous énoncez » M. Sarkozy est à l’image des Français, c’est pourquoi ils l’ont élu. ».
Puis dans votre réponse à mon commentaire « Non, tous ceux qui ont voté pour M. Sarkozy ne sont pas comme lui ».
Moi pas comprendre.
Ce que je comprends bien, par contre, c’est la nuance subtile que vous installez en écrivant « dans les partis présents au Parlement ».
D’après vous, y aurait-il donc, EN DEHORS DES PARTIS PRESENTS AU PARLEMENT, un homme politique (homme ou femme) qui ait cette force morale que vous appelez de vos vœux ?
Et sur la formule employée je m’interroge sur le « nous » de « nous appelons » !!!!
Ici quand j’écris, je ne représente que moi, Vivelnord.
Et ce « nous » qui représente-t-il donc ??????
Enfin, petit point positif malgré tout ; cela fait une voix de moins pour NS (s’il se représente, ce dont je ne suis absolument pas convaincu).
10 Fév 2011 13:44 7. Patrick-Louis Vincent
@Vivelnord
Quand je dis « nous », je veux parler des Français, et non d’un parti politique dont je serais membre.
Concernant M. Sarkozy et les Français, je voulais dire que l’on a le président que l’on mérite ou qui correspond au climat de l’époque où il est élu, aux aspirations des Français au moment il se présente. Beaucoup de Français ont cru en lui parce que son discours était celui que les Français voulaient entendre. Le problème n’est donc pas dans le discours mais dans les actes qui ne correspondent pas au discours.
Quant à la personne d’une grande probité qui existerait en dehors des partis présents au Parlement, je ne la connais pas. Mais, vous savez, c’est parfois quand les circonstances deviennent exceptionnelles que de tels hommes apparaissent au grand jour.