Quand on voit Eric Besson, on pense à Léon Bloy et à Alexandre Dumas fils. Le premier disait : « On ne peut être et avoir été ? Mais si ! On peut avoir été un imbécile et l’être toujours ». Et Dumas fils ajoutait : « Je préfère le méchant à l’imbécile parce que l’imbécile ne se repose jamais »
Besson-le-traitre socialiste qui s’était rallié sans pudeur à Sarkozy avait touché le salaire de sa trahison. Sarkozy lui avait offert un maroquin. Mais, rapidement, il lui avait fait payer sa trahison en lui confiant un dossier particulièrement pourri, celui de l’identité nationale et de l’immigration.
Sans se rendre compte du piège que lui avait tendu son bienfaiteur, Besson avait fait du zèle et celui qui était déjà l’homme le plus méprisé des gens de gauche est très vite devenu l’homme le plus détesté de France en ravissant le titre à son prédécesseur, Brice Hortefeux.
La grande (et absurde) enquête sur l’identité nationale a très rapidement, comme il fallait s’y attendre, sombré dans la xénophobie primaire et les mesures prises contre l’immigration ont aussitôt dégénéré dans le racisme le plus odieux, avec notamment la chasse aux Roms.
Sarkozy a remis ses idées malsaines dans sa poche mais, comme il avait déjà viré Kouchner, Bockel et les centristes, il a voulu garder Besson qui était tout de même sa plus belle prise. Il avait cependant jugé le bonhomme (pas sur le plan moral mais sur celui des maladresses). Il l’a donc casé dans un ministère qu’on pouvait imaginer « sans risques » : l’économie numérique. Oui, vous avez bien lu, il y a en France un ministère de l’Economie numérique. On n’arrête pas le progrès !
C’est, bien sûr, le type même du ministère où, a priori, on ne peut pas faire de gaffes, ne serait-ce que parce que, précisément, les Français en ignorent totalement l’existence. Même la bouillonnante Nathalie Kosciusko-Morizet qui y avait été mise en pénitence pendant quelques mois n’avait plus pu faire parler d’elle.
Eh bien, si ! Besson, lui, qui décidemment ne se repose jamais, comme aurait dit Dumas fils, n’a pas raté « la » connerie à faire et a trouvé une occasion de réapparaître à la « une » de l’actualité.
Il vient de demander par une lettre officielle au CGIET (le Conseil Général de l’Industrie, de l’Energie et des Technologies –superbe « fromage » dont tous les Français ne connaissaient peut-être pas l’existence) de « mettre fin à l’hébergement du site Wikileaks en France ».
Wikileaks est le fameux site internet qui, depuis quelques jours, révèle avec délectation tous les secrets de la diplomatie américaine qu’un jeune petit génie de l’informatique a réussi à pirater. Pour Obama et Hillary Clinton, Wikileaks est un cauchemar bien pire que les Talibans ou le régime Nord-Coréen. « On » a d’ailleurs lancé un mandat d’arrêt international contre le patron du site qu’ « on » accuse non pas d’avoir violé les secrets de la diplomatie américaine mais d’avoir violé… une petite fille !
On peut, naturellement, contester la légitimité de la divulgation de ces correspondances officielles (qui n’apprennent d’ailleurs rien de bien nouveau). Mais la décision de Besson est triplement idiote.
D’abord, elle souligne aux yeux du monde entier l’alignement respectueux de Paris derrière les Etats-Unis. Toujours le rôle de « supplétif » que semble affectionner Sarkozy. Ces révélations gênent la Maison Blanche et le Département d’Etat, Paris, aussitôt, fait fermer le site. A vos ordres, Mister Barack.
Ensuite, jusqu’à présent, il n’y avait que les pires des dictatures (la Chine, la Corée du Nord, la Birmanie, Cuba) qui tentaient de couper l’internet et faisaient fermer des sites.
Enfin, il est évident que les petits malins de Wikileaks qui ont déjà réussi à pirater ces messages top secrets et super-codés vont, bien sûr, trouver de nouveaux moyens techniques pour continuer à les diffuser.
Il a voulu déshonorer « la France, terre d’asile » voici maintenant qu’il veut ridiculiser « la France terre des libertés ».
Après Léon Bloy et Dumas fils, c’est à Michel Audiard qu’on pense : « Les cons, ça ose tout. C’est même à ça qu’on les reconnaît »

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