Certains bons esprits s’indignent aujourd’hui de la dernière idée de Jean-François Copé. Le président du groupe UMP de l’Assemblée vient, en effet, de proposer qu’on rétablisse un examen d’entrée en 6ème. Ce qui s’appelait autrefois le Certificat d’études primaires.
Nous serons d’accord avec eux pour dire que Copé, avec ses dents longues et ses gros sabots, a fini par se rendre insupportable. Il rêve d’avoir le destin de Sarkozy et il lui ressemble déjà épouvantablement. Prêt à tout pour faire parler de lui, maniant à la fois la flagornerie et la dague envers son maître, il ne pense visiblement qu’à l’Elysée, qu’à « tuer le père », en se rasant tous les matins, ce qui lui a fait enfler les chevilles au-delà du raisonnable.
Mais est-ce une raison pour considérer que le rétablissement d’un examen pour passer du primaire au secondaire serait une monstruosité, le triomphe de la plus odieuse des réactions, un retour en arrière, voire à la barbarie ?
Une fois de plus c’est démagogie contre démagogie. Copé sait qu’il caresse là, dans le sens du poil, un électorat de droite nostalgique des Hussards de la République et des petites têtes blondes fières de leurs ancêtres les Gaulois et qui connaissaient leurs départements. Les bons esprits savent qu’en criant « facho ! » on a toujours son petit succès entre les Deux Magots et le Café de Flore. Et tout le monde se contrefout, bien sûr, de la situation de notre Ecole et de l’avenir de nos gosses.
Or le grand problème de notre système scolaire d’aujourd’hui (qui a voulu, par une idéologie totalement pervertie, supprimer les notes, les classements, les devoirs à la maison, les redoublements, les examens) est que nous avons, en fin de collège et même parfois en fin de lycée, des jeunes qui ne savent vraiment ni lire, ni écrire, ni compter et qui n’ont pas la moindre idée de qui a bien pu être Louis XVI ni d’où pourrait bien se trouver Cholet ou Montauban.
Il est évident qu’un gosse qui entre au collège sans avoir acquis, à l’école, une certaine maîtrise de ce qu’on appelle « les fondamentaux » (lire, écrire compter) va se traîner au fond de la classe, près du radiateur, pendant toute sa scolarité, qu’il sera orienté vers des filières-poubelles et que, libéré de ses obligations scolaires, il n’aura plus qu’à grossir le nombre des jeunes sans emploi et surtout sans aucun avenir.
On peut toujours dire qu’il est foncièrement réactionnaire de souhaiter que tous les jeunes Français (ou immigrés) sachent lire, écrire, compter pour avoir au moins une chance d’entrer dans la vie active. On peut dire n’importe quoi.
Mais il est bien dommage que nos bons esprits aient oublié que le meilleur ministre de l’Education Nationale que nous ayons eu ces dernières décennies s’appelait Jean-Pierre Chevènement (il était « de gauche » même s’il ne l’est peut-être plus aujourd’hui) et qu’il avait été le premier à vouloir rétablir l’apprentissage des fondamentaux dans nos écoles primaires.
Et qu’on ne nous raconte pas que le Certificat d’autrefois était l’apanage des enfants les plus favorisés. C’était lui qui permettait à des enfants « de pauvres » de devenir boursiers et d’emprunter l’ascenseur social. C’est sa suppression qui a permis (en partie) à l’Ecole de la République, gratuite et obligatoire, de laisser croupir dans l’illettrisme les enfants des classes défavorisées. Tout en ayant bonne conscience.
Mais nos bons esprits pensent sûrement qu’il n’est pas nécessaire que les « gosses de pauvres » sachent lire. Qu’ils se rassurent. Les syndicats d’enseignants sont assez puissants rue de Grenelle pour que cette idée de bon sens soit vite enterrée. Pas de chance pour Copé, pour une fois qu’il avait raison.

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