Bertrand Cantat, l’assassin de Marie Trintignant, est remonté sur scène, hier, à Beigles, et a été acclamé par un public en délire.
Officiellement, bien sûr, il n’y a rien à dire. Cantat qui a massacré à coups de poing, au cours d’une nuit d’ivresse, sa compagne Marie Trintignant, le 1er août 2003, à Vilnius, en Lituanie, a été condamné à huit ans de détention, est sorti de prison en octobre 2007 et son contrôle judiciaire a pris fin en juillet dernier. Il est donc un homme libre, ayant, comme on dit, « payé sa dette à la société ».
Ajoutons qu’il a commis son crime sous l’effet de la drogue et de l’alcool, il n’y avait donc ni préméditation ni sans doute intention de donner la mort, qu’il a eu un excellent avocat et qu’il y a peu de risque qu’il récidive. Pourtant c’est choquant.
Autrefois, il serait monté sur l’échafaud sous les huées de la foule. Aujourd’hui, il remonte sur les planches sous les applaudissements du public.
Cantat ferait un autre métier et aurait, sa peine purgée, regagné discrètement un petit bureau, un atelier ou une usine, il n’y aurait rien à dire. Mais, chanteur, Cantat revient en pleine lumière, sous les feux de la rampe, saluant la foule, bientôt à la « une » de certains magazines. « Bravo l’assassin ! »
On ne saura jamais si la foule applaudit le talent –paraît-il réel- du chanteur militant de Noir désir qui reprend « Le temps des cerises » ou l’amant passionné, drogué et alcoolique, qui a frappé à mort sa maîtresse. On dit que la foule a une passion morbide pour les criminels. Avec lui, elle va en avoir pour son argent. Les prochains disques de Cantat vont sans doute s’enlever comme des petits pains.
Aujourd’hui, tout le monde se mobilise contre les violences faites aux femmes. C’est très bien. On peut simplement se demander si, au lieu de nous sortir de nouveaux textes et de multiplier les campagnes de « sensibilisation », il n’aurait pas été plus utile de demander à Cantat de se faire discret.

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