Des gesticulations inutiles et dangereuses
Nicolas Sarkozy et son complice Brice Hortefeux ont décidé de faire de Grenoble le symbole de leur politique de lutte contre l’insécurité.
Depuis la mini-émeute qui avait suivi la mort d’un truand du quartier de Villeneuve, le président de la République s’est rendu sur place, a tenu un discours incendiaire et a installé un nouveau préfet de l’Isère (policier de carrière), le ministre de l’Intérieur est venu à deux reprises et, une nuit sur deux, alors qu’un hélicoptère survole le secteur, le GIGN, des dizaines de policiers et des escadrons de CRS font des descentes dans les barres et les tours du quartier, sous l’œil complaisant des caméras de télévision invitées à la démonstration.
Jusqu’à présent, ce déploiement de force et ces opérations coup de poing n’ont permis que d’arrêter une dizaine de gamins, de les interroger longuement puis… de les relâcher, faute de la moindre preuve contre eux.
Ce n’est pas comme çà qu’on fait « la guerre » (selon le mot même du chef de l’Etat) à la délinquance.
Les policiers qui ont ordre d’avoir des « résultats » défoncent les portes des appartements, plaquent au sol des jeunes, bousculent les femmes. Les forces de l’ordre n’étaient déjà pas très appréciées dans ces quartiers. On imagine que ces méthodes « musclées » ne vont que creuser encore davantage le fossé de haine qui sépare ces populations de tout ce qui peut représenter l’Etat. Pour essayer de trouver un truand, on brime et on scandalise des milliers de pauvres gens qui, du coup, vont se sentir solidaires du voyou en question.
D’ailleurs, l’absence de résultats prouve que ces méthodes sont totalement inefficaces et que la police n’a plus aucune information sur ces quartiers. Une « guerre » se mène d’abord avec des renseignements. En supprimant la police de proximité, sous prétexte qu’elle avait été créée par la gauche, Sarkozy a privé les forces de l’ordre de toute connaissance du milieu « ennemi ».
Les gesticulations à grand spectacle que nous offre Sarkozy ne peuvent apparaître que comme des provocations aux yeux des habitants de ces quartiers « difficiles » et l’absence de résultats va finir par faire sourire, puis par excéder l’opinion en général.
La lutte contre la délinquance ne se mène pas avec des hélicoptères et des escadrons de gendarmerie. C’est un travail de fourmi qui ne peut se faire que dans la discrétion, sur le terrain, au quotidien, avec, certes des policiers mais aussi avec des fonctionnaires des Finances, des travailleurs sociaux, des enseignants, des élus, des associations locales.
L’Etat a, depuis des années, abandonné à elles-mêmes des zones entières du pays (qu’on appelle pudiquement les quartiers de non-droit) et dans lesquelles vivent, survivent trois à quatre millions de nos compatriotes et de nos immigrés. C’est évidemment là qu’à cause du chômage, de l’exclusion, du manque de formation, de l’absence de tout avenir, se sont développées toutes les formes de la délinquance, du trafic de la drogue à la création maintenant de gangs de braqueurs de banques, de bijouteries ou de casinos.
Tant que l’Etat n’aura pas repris pied dans ces territoires, toutes les déclarations (de guerre ou d’intention), tous les moulinets, tous les effets de manche, toutes les rodomontades de Sarkozy seront ridicules.
Les électeurs de l’extrême droite que Sarkozy tente ainsi de récupérer auront beau jeu de répéter que ces fanfaronnades sont dérisoires et les autres trouveront sans doute qu’une fois de plus les belles promesses n’ont pas été tenues.
La protection des personnes et des biens, premier devoir régalien d’un Etat, est une chose trop sérieuse pour qu’on se contente de « faire du cinéma ». En voulant jouer les shérifs dans un western de série B, Sarkozy mène une politique-spectacle à la fois inutile et dangereuse.
12 Août 2010 7:36 1. Valou
Bonjour,
Il semblerait pourtant que ces rodomontades, ces gesticulations, ces moulinets, fassent encore illusion puisqu’on nous apprend que les évènements des dernières semaines et les bombements de torse de Mrs Hortefeux et Sarkozy ont dopé les adhésions à l’UMP !!! Ou alors cette info est une intox (une de plus) ? En tout cas si elle s’avère vraie, cela me fait peur : nous allons certainement assister dans les mois à venir, et jusqu’à la prochaine présidentielle, à une escalade sans fin dans la stigmatisation et la mise à l’index de catégories de populations offertes en pâture à l’opinion générale pour d’une part, continuer à gonfler les adhésions, piquer des voix au FN, et d’autre part créer un opaque écran de fumée sur le retentissant échec de Sarkozy en matière de sécurité depuis bientôt 10 ans.