Cà continue ! Chaque jour, nous en apprenons une belle de plus sur Eric Woerth et sa femme. Décidément, quel couple ! Ils étaient faits l’un pour l’autre.

Cette fois, « Le Canard enchaîné » nous révèle que l’ancien ministre du Budget a vendu pour une bouchée de pain (au dixième de son prix) un morceau de la forêt de Compiègne à des amis turfistes alors qu’elle, pendant ce temps, proposait ses services de gestionnaire à deux banques suisses.

Rien de bien nouveau. Nous savions déjà que le maire de Chantilly fricotait dans les paddocks des champs de courses et qu’il était particulièrement attentif aux intérêts de France Galop (dont sa femme était membre du conseil d’administration) et que son épouse aimait à se prélasser sur les bords du Léman. Mais tout de même cela commence à faire beaucoup pour un homme que le président de la République s’entête à qualifier d’« honnête ».

Naturellement, Woerth jure, une nouvelle fois, qu’il est innocent et le ministère du Budget précise, une nouvelle fois, que cette vente de l’hippodrome de Compiègne (sans appel d’offres, sans mise aux enchères) a été réalisée dans des conditions parfaitement légales.
Woerth parle maintenant d’« acharnement » et de « harcèlement ». Il a parfaitement raison. Tout comme la presse (libre) a parfaitement raison de s’« acharner » à découvrir la vérité sur les activités de ce ministre à l’éthique tout de même un peu incertaine et, comme tout ne semble pas aussi limpide qu’on nous le raconte, de le « harceler ».

Il y a maintenant de fortes présomptions de culpabilité sur ce présumé innocent. Il a d’ailleurs commencé à le reconnaître en faisant démissionner sa femme de Clymène, la société gestionnaire de la fortune de Liliane Bettencourt, et en démissionnant lui-même de son poste de trésorier de l’UMP.
Mais ce n’est pas suffisant. Il va falloir maintenant qu’il nous prouve que ces « conflits d’intérêts » qu’il a reconnus ne l’ont pas conduit à commettre quelques turpitudes.

L’Inspection Générale des Finances nous affirme qu’Eric Woerth n’a signé aucune note écrite enjoignant à ses services d’éviter tout problème à Liliane Bettencourt. On veut bien le croire. Mais ce qu’on voudrait savoir ce sont les dates des derniers contrôles fiscaux auxquels l’héritière de l’Oréal aurait du être soumise, comme toutes les grandes fortunes de France.

On voudrait aussi savoir pourquoi le ministre du Budget a estimé que les écuries de courses par actions (comme celle que dirigeait Florence Woerth) pouvaient bénéficier des avantages accordés aux PME, pourquoi France Galop a bénéficié d’autant d’avantages lors de l’adoption de la loi sur les paris en ligne et pourquoi il a bradé un domaine public en forêt de Compiègne.

Woerth parie sur la lassitude. Il s’imagine que, dans cette chasse à courre où il joue la bête poursuivie, les chiens courants que sont les journalistes vont se fatiguer et qu’en tous les cas le public qui trottine derrière la meute finira par en avoir assez de patauger dans la boue.
Là, il joue perdant. Il aurait du apprendre dans les forêts de Chantilly et de Compiègne que jamais les chiens n’abandonnent une bête blessée.

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