Un roman (historique) pour l’été
Après tout, pourquoi se gêner ? On n’est jamais si bien servi que par soi même. L’autopromotion est insupportable mais elle est devenue un impératif.
Bref, autant l’avouer, pour moi, cette semaine, la grande nouvelle est la sortie en librairie d’un roman historique que j’ai eu la faiblesse de m’amuser à écrire, peut-être pour oublier, un temps, Sarkozy, la crise, l’euro et l’Europe.
C’est une histoire fabuleuse et passionnante. Je peux l’affirmer sans pudeur d’autant mieux que je n’ai (pratiquement) rien inventé. Tout est incroyable et pourtant strictement authentique.
C’est l’histoire d’un garçon qui voit son père arrêter et expédier au bagne en décembre 1851 parce qu’on l’accuse d’être républicain, puis ce jeune homme va insulter l’empereur, s’engager dans l’armée, participer à la conquête de la Kabylie, déserter avec 123 de ses camarades, traverser le désert, être nommé officier du Bey de Tunis, guerroyer dans les dunes et dans les oasis du Grand Sud, se retrouver prisonnier à Alger et condamné à mort, s’évader d’une manière, bien sûr, rocambolesque, et devenir, à Paris, pendant huit ans, l’un des personnages les plus brillants, les plus riches, les plus fêtés du Second Empire, jusqu’au jour où…
Je crois qu’Alexandre Dumas lui-même n’aurait pas osé inventer un tel personnage. Mais tout est absolument exact.
En le suivant pas à pas, d’un bordel de Bordeaux aux salons des Tuileries, en passant par les palais de Tunis et les prisons d’Alger, on rencontre les plus grands savants de cette seconde moitié du XIXème siècle, Becquerel, Arago, Claude Bernard, les généraux de l’armée d’Afrique, Youssouf, Pélissier, Mac Mahon, les escrocs de la Régence et tous les personnages clés de l’entourage de Napoléon III, Morny, Persigny, Waleswki, Haussmann, les Péreire, les Rothschild, Mérimée et Offenbach. Entre deux bals et trois coups en Bourse, on peut revivre la guerre d’Italie, la guerre de Crimée, la guerre du Mexique, les charges de cavalerie et des histoires d’amour et d’argent plus incroyables les unes que les autres.
Ce qui est passionnant à la Cour de l’Empereur c’est que ce sont tous des imposteurs. Morny n’est ni duc ni Morny, il n’est que le fils caché de la reine Hortense et donc à la fois le demi-frère de Napoléon III et le petit-fils de Talleyrand ; le duc de Persigny s’appelait, en fait, Jean Fialin et avait jadis été chassé de l’armée ; le maréchal de Saint Arnaud se nommait Arnaud Leroy, avait fait de la prison pour dettes et travaillé dans un cirque, etc., etc.. Et pourtant toute cette clique d’escrocs corrompus jusqu’à la moelle sut faire de Paris la capitale de toutes les fêtes de l’Europe couronnée et de la France un pays moderne, avec des chemins de fer, des usines, des banques.
Et mon héros réussit à se faire une place de choix au milieu de ce monde où l’on ne célébrait que les femmes et l’argent. Un monde de « bling-bling » avant l’heure, de scandales financiers, de guerres absurdes au bout du monde, avec ses nouveaux riches indécents, ses terroristes inconscients, ses poules de luxe sur les marches du trône.
Et tout cela était, déjà, vrai. Il va sans dire que toute ressemblance avec des personnages d’aujourd’hui serait purement fortuite. Mais, par moments, on se dit que rien n’a beaucoup changé dans ce bas monde.
J’avoue que je me suis beaucoup amusé en me plongeant dans cette histoire et que je n’aurais jamais osé imaginer autant de turpitudes. J’espère simplement, maintenant, que quelques lecteurs prendront plaisir à ce livre de vacances, pour la plage.
« La fabuleuse imposture du comte de Belfort », Fayard, 450 pages, 23 €
Mots-clefs : autopromotion, Roman
19 Mai 2010 22:19 1. Vincent
ça donne envie de le lire mais la couverture est tellement moche…