Le poisson pourrit par la tête
Cette semaine nous avons eu droit à un général condamné à dix mois de prison (avec sursis) pour détention d’images pédo-pornographiques, à une préfète arrêtée pour avoir barboté du mobilier (national) dans sa propre préfecture et à une députée dont on a levé l’immunité parlementaire parce qu’elle aurait piqué 700.000 euros dans la caisse du Conseil régional de Provence-Alpes-Côte d’Azur. Sans parler de Charles Pasqua dont la condamnation à dix-huit mois de prison (avec sursis, lui aussi) pour l’affaire du casino d’Annemasse (faux, abus de confiance, etc.) a été confirmée par la Cour de cassation.
Certes, tout cela ne remet en cause les hautes valeurs morales bien connues de l’élite de notre pays mais, tout de même, il faut reconnaître que… çà la fout mal.
Imaginons que nos petits loubards de banlieue -ceux que Sarkozy appelle « la racaille » et que Hortefeux qualifie de « crapules »- soient au courant. Ils auraient beau jeu de rigoler.
Le général (cinq étoiles) Germanos n’est pas n’importe qui. Saint Cyr, l’Ecole d’Etat-Major, l’Ecole de guerre, il a commandé le prestigieux 2ème Régiment Etranger de Parachutistes et la non moins prestigieuse 11ème Division Parachutiste, il a été le chef de cabinet des ministres de la Défense Million et Richard, il a dirigé l’Institut des Hautes Etudes de la Défense Nationale, avant d’être inspecteur général des Armées. Bref, ce qui s’appelle une superbe carrière, même s’il avait, c’est vrai, une réputation détestable au sein de l’armée.
Il a été condamné pour « détention de 3.000 images pédopornographiques mettant en scène des enfants de six mois à 12 ans ». La présidente du tribunal précisant que certaines images étaient « totalement insoutenables », ce qu’on veut bien croire. Pour sa défense, Germanos a évoqué une tumeur cérébrale dont il a été opéré et qui aurait « perturbé (son) comportement ».
L’affaire de la préfète Françoise Debaisieux est moins ignoble. La brave dame était préfète de la Lozère de 2007 à 2009 puis a été nommée préfète des Hautes-Pyrénées. En quittant Mende pour Tarbes, elle a froidement emporté des fauteuils Louis XV, des guéridons, des miroirs, de l’argenterie et même une cocotte-minute et deux pots à moutarde. Son successeur à Mende ayant procédé, comme c’est l’usage, à l’inventaire des meubles de la République, s’est étonné de ces disparitions. La Police a alors perquisitionné au domicile privé de Mme Debaisieux, dans les Ardennes, et à découvert à la fois le pot aux roses, les objets disparus et un manteau que la préfète avait volé à l’une de ses secrétaires. La préfète dont les « larcins » sont estimés à 20.000 euros été priée de demander sa mise hors cadre qui lui a été accordée et placée en garde à vue. Pour sa défense, Mme Debaisieux a plaidé… « la distraction ». Certains parlent plutôt de kleptomanie.
Pour Sylvie Andrieux, députée PS des Bouches-du-Rhône, élue en 1997 et réélue en 2002, cela semble dépasser de beaucoup la simple kleptomanie. Il s’agit d’une affaire de détournement de 700.000 euros commise par des associations subventionnées par la Conseil régional de PACA, dont Mme Andrieux était vice-présidente. Vingt-deux autres personnes ont déjà été mises en examen dans cette affaire. L’Assemblé Nationale a levé son immunité parlementaire. Les ennuis de Mme Andrieux ne font donc que commencer.
Ce n’est pas la première fois qu’un parlementaire est poursuivi pour détournement de fonds publics. Mais jusqu’à présent on n’avait jamais vu d’officiers généraux ou de membres du corps préfectoral traînés devant les tribunaux.
Le poisson pourrit par la tête.
On dira que la pédophilie et la kleptomanie relèvent surtout de la psychiatrie et que ces deux cas sont des exceptions. Mais l’opinion retiendra deux choses. D’abord, que l’ambiance est telle aujourd’hui dans notre pays que ceux qui, par fonction, devraient être des exemples se croient tout permis. Ensuite, que la justice continue à se montrer infiniment plus clémente envers certains qu’envers d’autres.
Dix mois de prison avec sursis et… un euro d’amende pour Germanos ce n’est vraiment pas cher. Le général pédophile pourra continuer à arborer sa Légion d’Honneur !
Mots-clefs : Françoise Debaisieux, Germanos, Pédophiles, Sylvie Andrieux